Burkina: une solidarité exemplaire
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Sebatou Nabaloum
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Depuis janvier 2016, le Burkina Faso fait face à une récurrence d’attaques dans plusieurs régions du pays. Cette situation cause le déplacement massif de populations à l'intérieur du pays. Selon les chiffres du Conseil National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR), on compte plus de 19'134 déplacé·e·s internes dans la région du Plateau Central.
A cette situation d’insécurité s’ajoute les changements climatiques et la rareté des ressources naturelles. Avec un défi de taille: permettre que les communautés accueillant les personnes déplacées aient suffisamment de ressources pour vivre ensemble dignement. C'est dans ce but que Solidar Suisse a initié le projet «Résilience et cohésion sociale (PRECOS)» dans la commune de Nagréongo, qui compte 3'528 déplacé·e·s internes.
147 producteurs·trices (dont 52 déplacé·e·s internes) ont reçu un soutien technique et financier leur permettant de développer des activités de production de légumes, d’élevage et d’embouche ovine. A l’issue de la première campagne maraîchère d’oignon de la coopérative « Zemstaaba » de la commune de Nagréongo, nous sommes allés à la rencontre des producteurs pour recueillir leurs avis et leurs perspectives pour l’avenir.
Adboulaye Kafando
«Nous considérons désormais les personnes déplacées comme nos frères et sœurs.»
Je m’appelle Adboulaye Kafando et je suis le président de la coopérative « Zemstaaba » de la commune de Nagréongo. La coopérative a été créée en janvier 2022 et compte à ce jour 107 membres dont des déplacé·e·s internes. Pour cette campagne, nous avons produit de l’oignon sur une superficie de 3,5 hectares. Nous notons une bonne production et nous sommes très satisfaits car la quantité totale récoltée est évaluée à 889 sacs de 100kg, ce qui dépasse largement nos attentes. La quantité d’oignon restante a été stockée pour attendre de meilleurs prix de vente les mois à venir. Nous exploitons cet espace depuis plus de 20 ans mais nous n’avons jamais eu une bonne recette comme cette année. Nous avons pu atteindre ce résultat grâce à l’appui du projet PRECOS qui nous a permis de bénéficier de matériels de production, d’intrants agricoles, de formations pour renforcer nos connaissances sur les techniques de production du compost et l’entretien des cultures.
Notre collaboration avec les personnes déplacées internes se passe très bien, nous les considérons désormais comme nos frères et sœurs. La recette de cette campagne, nous permettra d’acheter des vivres pour nourrir nos familles, assurer nos soins sanitaires et acheter des animaux pour faire de l’embouche en attendant la prochaine campagne de production de l’oignon.
Mamounata Sawadogo
«La garde de mon enfant dans la garderie m’a permis de mieux m’investir dans ma production.»
Je me nomme Mamounata Sawadogo, je suis résidente du village de Nagréongokodogo et membre de la coopérative « Zemstaaba ». C’est une occasion pour moi en tant que femme d’avoir une activité génératrice de revenu me permettant de subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants. J’ai une parcelle sur laquelle j’ai produit de l’oignon. Ma récolte de cette première campagne s’évalue à 12 sacs d’oignon de 100kg. La garderie « MaBYZ » qui a été mise en place m’a soulagée de la charge de la garde de ma fille de 2 ans que je portais auparavant avec moi pour travailler. Avec le MaBYZ, je la laissais le matin avec les monitrices qui s’en occupaient et je pouvais travailler tranquillement dans ma parcelle, et je savais que ma fille était en sécurité. Cette garderie m’a permis de mieux m’investir dans ma production pour avoir à terme, une récolte satisfaisante. Les revenus de cette activité maraîchère me permettront de subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires de ma famille.
Mikaïlou Moro
«Le maraîchage est pour moi une grande opportunité de reconversion en tant qu’ancien exploitant de site d’orpaillage traditionnel.»
Je m’appelle Mikaïlou Moro. Je suis originaire du village de Arbinda de la province du Soum (région du Sahel). L’insécurité dans cette région nous a contraint à nous déplacer pour venir nous installer ici dans le village de Nagréongokodogo. Nous avons été bien accueillis par la population autochtone, nous la remercions pour son hospitalité inconditionnée. En plus, pour manifester leur solidarité envers nous, les autochtones nous ont permis d’intégrer la coopérative « Zemstaaba » et bénéficier de l’appui du projet PRECOS financé par de Solidar. Nous travaillons dans une bonne ambiance de collaboration et nous bénéficions de leurs conseils pour la production. En ce qui me concerne, le maraîchage est une grande opportunité de reconversion. En arrivant ici, je ne savais pas produire les oignons car à Arbinda, je travaillais dans un site d’or artisanal que nous avons dû abandonner à cause de la situation sécuritaire difficile. Avec cette campagne j’ai pu récolter 6 sacs de 100 kg d’oignons sur ma parcelle. Pour une première expérience, je suis très fier de ma production. Sur ma récolte totale, j’ai vendu 5 sacs et j’ai gardé le reste pour les besoins de consommation de ma famille et le voisinage. Cet argent me servira pour nourrir ma famille d’une vingtaine de personnes et acheter des intrants agricoles (engrais et biopesticides) pour préparer la prochaine campagne de production. Dans l’optique d’améliorer ma production la campagne prochaine, j’ai commencé la collecte des déjections d’animaux afin de disposer d’une quantité suffisante pour la production du compost.
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Sebatou Nabaloum