La DDC et le SECO ont fait part aujourd'hui de la manière dont ils allaient appliquer les coupes dans la coopération internationale décidées par le Parlement. Le Bangladesh et la Zambie, pays dans lesquels les programmes sont suspendus, sont particulièrement affectés. Les conséquences dramatiques pour les populations dans les pays et les programmes concernés sont minimisées.

Pour éviter tout malentendu : la responsabilité des coupes de 110 millions de francs dans le budget 2025 et de 321 millions dans le plan financier des années à venir est entièrement imputable à la majorité bourgeoise du Parlement qui a pris ces décisions. En revanche, l’affirmation selon laquelle « en établissant des priorités de manière ciblée, il sera tout de même possible de maintenir dans une large mesure les effets attendus de la coopération internationale (CI) » donne un mauvais signal. La coopération au développement qui peut être menée malgré les restrictions budgétaires reste certes efficace. Mais il est tout aussi clair que l’on ne peut pas faire autant avec 110 millions de moins. Et il est évident que ce sont les populations du Sud global qui en subiront concrètement les conséquences si des projets à succès doivent être interrompus.

Les « besoins sur place » n’ont à coup sûr pas diminué au Bangladesh et en Zambie, deux pays dans lesquels les programmes de la DDC doivent être abandonnés. Le Bangladesh connaît une situation d’insécurité politique qui affecte l’industrie textile, centrale pour le pays. La Zambie souffre d’une crise de la dette. Selon le Fonds monétaire international, il existe toujours « (a) high risk of overall and external debt distress ». Cela s’explique aussi par le fait que le pays a souffert et souffre encore de l’évasion fiscale agressive de groupes étrangers. Glencore, par exemple, n’a jamais payé d’impôts sur les bénéfices en Zambie, même lorsque les prix du cuivre y atteignaient des sommets. Les deux pays sont en outre particulièrement touchés par la crise climatique, qui menace les avancées antérieures en matière de développement. Le Bangladesh à cause des tempêtes et de l’élévation du niveau de la mer et la Zambie parce que la production d’électricité a fortement reculé, le débit des rivières étant bien moindre.

Au plan multilatéral également, les réductions ne peuvent pas être ignorées sans conséquences. Les paiements à ONUSIDA sont par exemple suspendus. Or, le sida reste l’une des principales causes de mortalité en Afrique et près d’un cinquième des patientes et des patients africains atteints du VIH ne reçoivent toujours pas les médicaments qui pourraient les sauver. D’autres « coupes transversales » sont également prévues et les contributions de base des ONG sont concernées, même si le conseiller fédéral Cassis a déclaré l’été dernier au Parlement que ces organisations partenaires contribuent à la mise en œuvre de la stratégie de la CI à moindre coût. En clair, cela signifie concrètement que les familles paysannes n’ont pas d’approvisionnement en eau sûr pour lutter contre la crise climatique, que les jeunes n’ont pas de place de formation et que davantage d’enfants se couchent le ventre vide. Il ne s’agit pas de rassurer les responsables des coupes budgétaires, mais de les obliger à regarder cette réalité en face.

Pour plus d’informations :
Andreas Missbach, directeur, Alliance Sud, tél. +41 31 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch

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