Sommet financier à Paris : grandes questions, petites réponses ?
Les 22 et 23 juin 2023, la France organise un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris. Principalement à huis clos, les cheffes et chefs d'État et de gouvernement discuteront avec les représentant-e-s des acteurs financiers d'un financement renforcé du développement durable dans le Sud global. Des réformes qui rendraient le système financier réellement plus équitable ne seront toutefois pas lancées — pas même par la Suisse, qui prend également part au sommet.
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Solidar Suisse · Alliance Sud · 0 commentaires
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Personne ne doute que les multiples crises dans le Sud mondial sapent les avancées en matière de développement durable et que les ressources financières font défaut en maints endroits. Le dernier rapport mondial sur le climat a de surcroît clairement établi que les coûts de la crise climatique augmentent beaucoup plus rapidement que les moyens financiers disponibles pour y faire face.
Le président français Emmanuel Macron organise cette semaine une table ronde à huis clos entre cheffes et chefs d’État, une rencontre qui pourrait préfigurer des décisions multilatérales de grande portée lors des prochains sommets : le G20, la conférence d’examen à mi-parcours de l’ONU sur l’Agenda 2030 et la conférence 2023 sur les changements climatiques (COP28). L’accent sera mis sur le développement du financement privé pour une transition verte. Mais il s’agira aussi d’échanger des idées sur une meilleure protection des États particulièrement vulnérables contre les répercussions négatives de la crise climatique et sur de nouveaux instruments de financement pour couvrir les préjudices climatiques.
La plupart des propositions formulées ne remédient qu’aux symptômes : le problème n’est pas qu’il manque d’argent dans le monde pour davantage de développement durable ; le bât blesse plutôt parce qu’il est très mal réparti. Lors du sommet de Macron, une véritable réforme du système financier mondial, qui pourrait rendre ce dernier plus équitable, restera l’absent de marque : « Alors que la crise de la dette dans le Sud global ne cesse de s’aggraver, le sommet politique ne met qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Les vraies questions ne sont pas abordées : quid de la transparence des créanciers, de la redistribution des ressources financières du Nord vers le Sud et — inévitablement — de l’annulation de la dette », commente Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement.
Quel est le rôle de la Suisse ?
Alliance Sud suit les débats internationaux actuels sur ces thèmes et constate que la Suisse officielle jubile et se tait. Financièrement, elle profite en effet du fait que les grands groupes d’entreprises continuent de transférer leurs bénéfices des pays de production vers les cantons helvétiques fiscalement cléments. Elle ne consacre que 0,4% de son revenu national brut à sa coopération internationale au lieu des 0,7% promis. Malgré son économie très mondialisée, elle nie toute responsabilité pour les émissions des biens importés confectionnés hors de ses frontières et ne veut pas voir les émissions générées à l’étranger par sa place financière et son négoce des matières premières. Elle minimise donc sa responsabilité dans le financement climatique tout en se vantant de sa générosité. Et Andreas Missbach de conclure : « La Suisse faire preuve d’opportunisme alors qu’elle pourrait, vu l’ampleur de sa place financière et vu qu’elle accueille de nombreux grands groupes, prendre les commandes, faire avancer le tournant vert et un système fiscal équitable et faire preuve de davantage de transparence. »
Pour une évaluation plus détaillée et des informations de fond plus complètes sur les thèmes discutés lors du sommet, veuillez consulter nos nouvelles fiches d’information (vs. annexes) :
- Fiche d’information « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial »
- Fiche d’information « Changement climatique et crise de la dette – un cercle vicieux »
- Fiche d’information « Financement climatique à partir de 2025
Pour plus d’information:
Andreas Missbach, directeur d’Alliance Sud, tél. 031 390 93 30, andreas.missbach@alliancesud.ch
Laurent Matile, expert Entreprises et développement, Alliance Sud, tél. 022 901 14 81, laurent.matile@alliancesud.ch
Delia Berner, experte en politique climatique internationale, Alliance Sud, tél. 077 432 57 46, delia.berner@alliancesud.ch
Dominik Gross, expert en politique financière et fiscale, Alliance Sud, tél. 078 838 40 79, dominik.gross@alliancesud.ch
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