Guatemala : la lutte des femmes contre la violence
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Pauline Tête · 0 commentaires
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Au Guatemala, les femmes sont exposées à la violence basée sur le genre, particulièrement les femmes issues de communautés autochtones. En 2022, plus de 22'000 cas de violence de genre et plus de 500 féminicides ont été signalés. Solidar Suisse soutient des organisations telles que l’AGIMS, qui œuvre pour défendre les droits des femmes issues de communautés autochtones et pauvres, et lutter contre les violences dont elles font l’objet. Dans cet article, nous partageons l’histoire de quelques femmes qui ont reçu le soutien de l’AGIMS.
Le travail de l’AGIMS en faveur des femmes autochtones
98 % des femmes soutenues par l’AGIMS viennent de communautés Kaqchikel, un groupe ethnique issu de la civilisation maya. L’AGIMS lutte pour les droits de ces femmes, notamment à travers des programmes de formation, des campagnes de prévention contre la violence, la participation citoyenne, le soutien juridique des femmes qui portent plainte contre leur abuseur, la promotion de l’éducation et la défense des droits des peuples autochtones.
La violence de genre affecte particulièrement les femmes autochtones, car elles sont confrontées à la pauvreté, ont un accès restreint à l’éducation et ont des difficultés à trouver un emploi car la société considère qu’une femme doit s’occuper de son foyer. Ces femmes sont alors dépendantes de leur compagnon ou de leur mari sur le plan économique et sont isolées au niveau social. Les mariages et les grossesses précoces sont alors fréquents. Notre organisation partenaire AGIMS apporte un soutien crucial à ces femmes.
Témoignages de femmes guatémaltèques
Vilma Siney, 35 ans
« Quand on est jeune, on se dit : ça ne m’arrivera pas, je vais m’en rendre compte si un homme m’interdit des choses ou s’il devient violent. »
Lorsque Vilma Siney rencontre le futur père de ses enfants, elle est étudiante à l’université, mais son compagnon souhaite qu’elle arrête ses études sous prétexte qu’elle a déjà un emploi. Il la pousse ensuite à abandonner son travail en tant qu’enseignante, à cause des commérages.
« Je lui ai obéi et j’ai arrêté de travailler, sans savoir que cela deviendrait une arme qu’il utiliserait pour me manipuler, me faire du chantage et m’isoler de ma famille et de la société. Au début, il était attentionné, affectueux, prévenant et il faisait attention à moi. Mais avec le temps, il est devenu possessif, jaloux, impulsif, et à plusieurs reprises, il m’a frappée. Il m’interdisait tout, et ne me laissait pas partir. »
Gladys Xiquin, 40 ans
Enfant, Gladys Xiquin ne va pas à l’école, car dans sa communauté, on estime que les études ne sont pas nécessaires pour les femmes. Elle n’apprend donc ni à lire, ni à écrire. À la mort de son père, elle doit soutenir sa famille économiquement. À treize ans, elle se met donc à travailler comme employée de maison. Elle subit des attouchements sexuels de la part de son patron, puis une tentative de viol de la part d’un de ses oncles.
« Un oncle a essayé de me violer. On ne m’a pas crue et on m’a chassée de la maison. J’ai dû dormir sous un arbre et manger ce qu’on me donnait, ou fouiller les poubelles. »
Peu après, sa mère et ses petits frères finissent eux aussi à la rue. Pour sortir de la misère et soutenir sa famille, elle accepte de vivre avec un homme qui lui propose son aide.
Rosa María Raxón, 22 ans
Enfant, Rosa María Raxón souhaite apprendre à jouer du concertina comme son père, mais ses parents considèrent que c’est un instrument pour les hommes.
À l’âge de treize ans, elle subit plusieurs abus sexuels de la part d’un voisin, qui menace de la frapper si elle en parle. « Quand j’étais petite, je ne comprenais pas ce que cet homme me faisait, mais quand j’ai grandi et qu’on nous en a parlé à l’école, j’ai compris. Je ne savais pas comment évacuer cette douleur et cette honte à l’intérieur de moi ; je me sentais sale et utilisée.
« Je sentais que j’étais devenue adulte dans mon corps d’enfant, parce que j’avais vécu des choses que je n’aurais pas dû vivre, et j’avais du dégoût à l’idée de m’approcher de n’importe quel homme. » À dix-huit ans, elle échappe à la tentative de viol d’un ami de sa mère. Lorsque sa mère l’interroge, il traite Rosa María Raxón de menteuse. Sa mère choisit de croire l’abuseur plutôt que sa fille.
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