Les femmes gagnent moins, sont plus souvent victimes de violence et subissent une discrimination structurelle à l'échelle mondiale. Que se passerait-il si l'égalité devenait enfin une réalité ? À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous avons échangé avec Tamara Funiciello, conseillère nationale PS et membre du comité de Solidar Suisse. Elle évoque les conditions nécessaires à un véritable tournant vers l'égalité, la responsabilité de la politique et les dangers du recul actuel des droits des femmes. Un entretien sur des faits incontestables, des luttes indispensables et l'espoir d'un avenir plus juste.

« Je me pose la question : pour qui investissons-nous réellement en matière de sécurité ? » 

La Journée internationale des droits des femmes est célébrée chaque année le 8 mars. Beaucoup se demandent : avons-nous vraiment besoin d’une telle journée ? Que réponds-tu à celles et ceux qui estiment que les femmes ont déjà obtenu tous leurs droits ?
Des chiffres indiscutables. Les personnes qui prétendent que les femmes ont obtenu tous leurs droits ignorent la réalité. Les faits sont là : en Suisse, les femmes gagnent en moyenne 43 % de moins que les hommes alors même qu’elles effectuent le même nombre d’heures. C’est presque la moitié moins. Ce chiffre est tiré d’une statistique officielle de la Confédération, obtenue grâce à un postulat de Samira Marti. Nous avons les données, nous connaissons les faits. Un exemple concret : aux États-Unis, les crash-tests sont uniquement réalisés sur des mannequins masculins standards, exposant ainsi les femmes à un risque accru de décès en cas d’accident de voiture. Ce n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres. Les femmes sont plus souvent interrompues lorsqu’elles prennent la parole, sous-représentées, moins bien rémunérées et exposées à des violences au quotidien. Les faits scientifiques sont là.  Face à cette réalité, il y a deux choix : nier les faits, ce que font les partis de droite, ou trouver des solutions à ce problème. Nous avons choisi la seconde option.

Quelles mesures la Suisse doit-elle prendre ?
Il faut revaloriser les salaires des femmes, reconnaître le travail de soins non rémunéré, combattre fermement les violences et investir dans une transformation féministe de la société. Depuis des décennies, nous avons posé des bases juridiques pour l’égalité, mais aucun investissement réel n’a suivi pour la mettre en œuvre. La Convention d’Istanbul nous oblige à lutter contre les violences envers les femmes mais les budgets sont quasi inexistants. Nous investissons des milliards dans la sécurité nationale, il faut comprendre l’armée, alors que les campagnes de prévention contre les violences ne bénéficient que de 1,5 million de francs. Lors des huit premières semaines de l’année, huit féminicides ont déjà été recensés en Suisse. Nous ne disposons pas non plus de suffisamment de refuge pour les femmes dans ce pays. Alors je me pose la question : pour qui investissons-nous réellement en matière de sécurité?

Actuellement, nous observons à l’échelle mondiale une montée de la résistance face aux avancées féministes, que ce soit par le populisme de droite ou les forces conservatrices. À quel point ce retour de bâton menace-t-il les droits des femmes?
Il est désastreux. Aux États-Unis, on débat de la possibilité de poursuivre pénalement des femmes qui ont fait une fausse couche si elles se sont comportées de manière « inappropriée » Et qu’entend-on par « inapproprié » ? Faire de l’équitation. Voilà où nous en sommes. Plus l’inégalité grandit, plus la violence s’intensifie.

« Nous devons changer ce monde, nous devons être solidaires. » 

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