Deux mégacrises existentielles
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Joachim Merz · 0 commentaires
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Le changement climatique et les inégalités sociales menacent la vie humaine sur notre planète. Il est grand temps d’agir.
Vous avez l’impression que les crises augmentent dans le monde ? D’autres le pensent aussi. Les spécialistes parlent de crises multiples, de nature écologique, sociale, économique et politique. Les deux mégacrises sont la crise climatique et les inégalités sociales. Leurs enjeux ne sont pas seulement actuels : en réalité, c’est de la résolution de ces deux crises que dépendent la survie physique de l’humanité et la question de notre capacité à vivre ensemble en paix.
Les plus pauvres, premières victimes de la crise climatique
Sans oublier que les personnes qui contribuent le moins à la crise climatique sont celles qui en subissent le plus durement les conséquences. Les pays à faible et moyen revenu sont particulièrement affectés par la multiplication des canicules et des sécheresses, des tempêtes dévastatrices, des inondations de grande ampleur et des pertes de récolte, ainsi que par la propagation de maladies, alors que ce sont ceux qui émettent le moins de CO2. Selon la Banque mondiale, les catastrophes climatiques pourraient coûter au Mozambique, l’un des pays les plus pauvres au monde, un tiers de son produit intérieur brut ces prochaines années. La crise climatique aggrave par ailleurs encore les inégalités mondiales. D’après une étude, les conséquences du changement climatique exacerbent les inégalités entre les pays de 25 %. Une autre étude démontre que le réchauffement climatique entretient la pauvreté. En effet, pour chaque degré supplémentaire, la pauvreté augmentera de 9 %. Quelque 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, sont menacées par les phénomènes météorologiques extrêmes. La moitié d’entre elles vivent dans une pauvreté absolue ou relative qui les rend particulièrement vulnérables aux conséquences de ces phénomènes. Alors qu’il est urgent d’investir dans la prévention et l’adaptation au changement climatique et d’amortir ses coûts, les caisses publiques de nombreux pays sont vides. Pendant ce temps, le patrimoine privé d’une poignée d’individus explose.
Service public de qualité et impôts sur la fortune
La crise climatique et la crise des inégalités intensifient les conflits autour de la répartition des richesses, qui affaiblissent la démocratie et érodent les droits humains et civiques. Les formes de gouvernement autoritaires, qui promeuvent des solutions toutes faites, montent les groupes de la société les uns contre les autres, réduisent la notion de solidarité à la protection de la population locale, excluent les personnes migrantes et les groupes non conformes et servent les intérêts des plus riches, gagnent du terrain.
Comment redresser le cap ? Si les pistes de solutions sont connues, la majorité politique ne suit pas (encore). Il faut un service public de qualité pour toutes et tous, c’est-à-dire l’accès aux soins de santé et à l’éducation, et notamment à l’eau potable. Quatre milliards de personnes dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne, ne disposent toujours pas d’eau propre. Il faut aussi taxer plus lourdement les ultra-riches. Les recettes fiscales supplémentaires qui en résulteraient, jusqu’à 250 milliards de dollars par an selon les estimations, pourraient générer les moyens requis en urgence pour lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde et redistribuer les richesses. Les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs, tels qu’un salaire suffisant pour vivre et un environnement de travail sain, sont un troisième instrument dont devraient pouvoir bénéficier toutes les personnes qui gagnent leur vie en travaillant sans pouvoir compter sur une fortune faite de propriétés foncières, d’actions ou de comptes en banque bien garnis. La dernière mesure, et non des moindres, consiste à combattre les inégalités de genres. Les femmes souffrent plus que les hommes de la pauvreté, de la discrimination, de la violence et des conséquences des catastrophes naturelles et sont toujours sous-représentées dans les organes législatifs et exécutifs du monde entier. Investir dans l’éducation et la réussite
professionnelle des filles et des femmes, c’est investir dans un avenir plus équitable pour tout le monde.
Notre magazine : le Soli
Les inégalités aggravent les divisions au sein de la société, exacerbent les tensions sociales et menacent la démocratie. Le dernier numéro de notre magazine traite entre autres de la violence à l’égard des femmes au Honduras, des conditions de travail indécentes dans les plantations d’huile de palme en Malaisie, du statut des travailleur·euse·s d’usines en Asie du Sud-Est, de l’accès limité aux services publics au Burkina Faso, et de la situation des agriculteur·trice·s au Pakistan et au Bangladesh.
Apprenez-en plus sur les inégalités dans notre nouveau magazine Soli et découvrez ce que nous mettons en œuvre pour les combattre !
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