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Des grandes marques peu responsables

Au Bangladesh, les grandes marques ont mis en attente des commandes pour une valeur de 2.8 milliards de dollars, impactant plus de la moitié des usines textiles du pays. Plus d’un million de travailleurs ont ainsi été renvoyés ou mis à pied. « Un nombre qui augmente chaque jour à une vitesse sans précédent » témoigne Sanjiv Pandita, responsable du bureau de Solidar Suisse pour l’Asie du Sud-Est. En théorie les grandes marques « ont une obligation contractuelle de payer ces commandes. Mais beaucoup font un usage douteux des clauses générales de force majeure pour justifier leurs violations des termes du contrat » détaille la dernière étude du Center for Global Workers’ Rights.

« Notre situation est apocalyptique. Les annulations et les instructions d’attente venant des détaillants de mode occidentaux nous poussent à l’insolvabilité, avec des capacités de production inutilisées et des dettes relatives aux achats de matières premières » a déclaré Rubana Huq, président de l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA), dans une récente interview au New York Times.

Même son de cloche au Cambodge. Le Garment Manufacturer Association in Cambodia (GMAC) explique que « la plupart des grandes marques ont décidé de mettre en attente toute leur production. Cela signifie que les usines ne peuvent pas exporter leurs produits finis et non finis jusqu’à nouvel ordre des marques, et ceci sans délai précis. » Les syndicats locaux demandent que le entreprises et l’Etat assument les salaires des travailleurs mis au chômage afin d’éviter une catastrophe.

Une réponse sur le terrain difficile

Les organisations de la société civile et les syndicats locaux soutenus par Solidar Suisse sont confrontés à une tâche herculéenne : ils doivent respecter la distanciation sociale tout en mobilisant les ouvrières et ouvriers touchés par l’arrêt des usines. La situation évoluant constamment, leur engagement se fait au jour le jour. Confronté au plus urgent, ils distribuent des céréales aux personnes les plus touchées car la faim commence à faire son apparition. Ils fournissent en outre des équipements de protection tels que désinfectants et masques. Le problème crucial est que la négociation avec les entreprises et la défense des intérêts des ouvriers et ouvrières prend du temps, alors que les besoins sur le terrain sont imminents.

Sanjiv Pandita lance un cri d’alarme : « Aujourd’hui, les travailleurs-euses qui permettent aux grandes marques de réaliser des milliards sont confrontés à la pauvreté et même à la famine. Les marques doivent faire plus que simplement « honorer les contrats existants », et doivent s’engager financièrement auprès des travailleurs pour leur garantir un salaire vital. Les gouvernements de la région doivent veiller à ce que les travailleurs-euses bénéficient d’une protection sociale suffisante, notamment en matière de sécurité alimentaire et de santé ».

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