L’année dernière, selon les chiffres officiels,  338 496 femmes ont été victimes de violence en Indonésie. Une lueur d’espoir pointe cependant à l’horizon : une loi condamnant la violence sexuelle a enfin été adoptée. Il s’agit d’une étape importante pour le mouvement des femmes en Indonésie.

En tant que collaboratrice de Solidar Suisse, je m’engage au quotidien pour les droits des travailleuses et des travailleurs. Je m’engage également au sein du réseau de femmes de Simpul Puan. En français, Simpul Puan signifie « nœud de femmes ». Le 4 mars dernier, nous avons lancé à Dago Elos, notre campagne pour la Journée internationale des droits des femmes avec de la gymnastique matinale, des performances, de la musique et des débats publics. Dagos Elos, située à 150 kilomètres au sud-ouest de la capitale Jakarta, est l’une des nombreuses régions affectées par des conflits territoriaux et des expulsions forcées. Depuis sept ans, des femmes luttent pour la préservation de l’espace vital de leurs communautés. Elles s’engagent contre la discrimination et la violence envers les minorités de genre ainsi que les personnes handicapées et luttent contre la destruction de l’environnement, l’accaparement des terres et l’exploitation  au travail.

Manifestation devant le siège du gouverneur

Le 8 mars 2023, une marche de protestation prendra le chemin du siège du gouverneur de Java-Ouest. Simpul Puan demande par exemple que le gouvernement indonésien adopte enfin une loi sur la protection des travailleur·euse·s domestiques, en suspens depuis 19 ans. Une scène a été installée pour les discours de diverses organisations, ainsi que des stands de nourriture, de livres, de vêtements d’occasion, de la musique et des performances artistiques.

Cette manifestation est placée sous le signe de la solidarité, de l’entraide et de l’inclusion. Pour Amoi Tanjung*, une représentante de Simpul Puan, la signification est claire : essayer de se comprendre et de se soutenir mutuellement, même si les combats diffèrent. La manifestation doit être aussi accessible que possible et inclure chaque femme et chaque minorité. « L’État est non seulement resté indifférent à l’oppression des femmes, mais sa politique a également permis aux entreprises et aux personnes au pouvoir de maltraiter les travailleuses et de nous priver de notre espace vital et de nos ressources légitimes* », constate Tanjung. « Nous savons  que nos problèmes ont la même source et que la clé de notre force réside dans notre unité. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons faire avancer les choses.»

* Nom d’emprunt.