Huile de palme : le piège de la pauvreté

Le nouveau rapport de Solidar met en lumière des salaires de misère dans la chaîne d'approvisionnement de Nestlé et Barry Callebaut

Parmi les produits que nous utilisons au quotidien, 60 % contiennent de l'huile de palme, comme le chocolat, les pâtes, les cosmétiques ou la lessive. Il est évident depuis longtemps que les êtres humains et l'environnement paient le prix fort de l'essor de l'huile de palme. Le nouveau rapport de Solidar Suisse met en lumière une facette sombre et alarmante de cette industrie : les salaires de misère des travailleur·euse·s des plantations d'huile de palme.

La première étude transparente sur les salaires dans le secteur de l'huile de palme

Vers le rapport

Travail à la pièce pour des salaires de misère

Contraint·e·s à l'illégalité

Dans les plantations de palmiers à huile dans l’État de Sabah, la main d’œuvre est principalement constituée de travailleur·euse·s migrant·e·s originaires d’Indonésie, des Philippines ou du Bangladesh. La plupart d’entre eux et elles n’ont pas de permis de travail ni de titre de séjour. Ils et elles sont ainsi entièrement à la merci de leurs employeur·euse·s et des autorités et vivent avec la peur constante d’être arrêté·e·s lors des descentes de police régulières et envoyé·e·s dans des centres de rétention, dans lesquels les conditions de vie sont indignes. Cette insécurité extrême intensifie l’exploitation, car les personnes concernées, en raison de leur statut illégal, sont exclues des systèmes publics de santé et d’éducation, ce qui pèse encore davantage sur leur budget. En 2019 déjà, un rapport de Solidar Suisse avait dénoncé le travail forcé et le travail des enfants sur les plantations de palmiers à huile du Sabah.

Travailler jusqu'à l'épuisement, sans protection ni droits

Les conditions de travail sur les plantations sont extrêmement difficiles et parfois très dangereuses. Les hommes, souvent affectés à la récolte, doivent porter de lourdes grappes de fruits pesant jusqu’à 23 kilos. Les femmes s’occupent principalement de la fertilisation et la pulvérisation de pesticides, ce qui les expose à des produits chimiques toxiques. Malgré les risques élevés pour leur santé, les travailleur·euse·s ne diposent pas d’équipement de protection adéquat, comme des casques ou des chaussures ou en reçoivent seulement lorsqu’une inspection est prévue. Les accidents sont fréquents et soulignent l’absence de mesures de protection appropriées.

Nestlé et Barry Callebaut : tout sauf durable

Des changements systématiques sont nécessaires

Percevoir un salaire permettant de vivre de manière digne est un droit humain fondamental. Pourtant, sur les plantations du Sabah, les travailleur·euse·s sont piégé·e·s dans le cercle vicieux de la pauvreté, de l’illégalité et d’abscence de perspectives. Pour améliorer réellement leurs conditions de vie, des changements doivent être entrepris à plusieurs niveau, notamment en Malaisie. La responsabilité ne s’arrête cependant pas là. Les entreprises suisses et la politique suisse ont également un rôle à jouer et sont appellées à intensifier leurs efforts.

Nos revendications à Nestlé, Barry Callebaut et aux autres entreprises qui s'approvisionnent en huile de palme au Sabah

  • Garantir des salaires décents
    Les entreprises doivent adapter leur politique d’achats pour permettre aux propriétaires des plantations de verser des salaires décents à leurs travailleur·euse·s.
  • Augmenter la transparence de la chaîne d’approvisionnement
    Les entreprises doivent publier régulièrement une liste de leurs fournisseur·euse·s, comprenant des informations précises sur les plantations concernées. C’est la seule manière de pouvoir identifier d’où proviennent les violations et de pouvoir les sanctionner efficacement.
  • Mener des contrôles rigoureux en matière de droits humains
    Les travailleur·euse·s migrant·e·s sont particulièrement exposé·e·s au risque du travail forcé. Les acquéreurs d’huile de palme doivent impérativement garantir le respect des drois humains tout au long de leur chaîne d’approvisionnement.

Appel à la politique suisse

  • Définir des normes d’importation plus strictes
    Dans le cadre d’un éventuel accord de libre-échange avec la Malaisie, les avantages douaniers ne devraient être accordés uniquement à de l’huile de palme réellement durable. Le standard RSPO ne couvre pas ces exigences.
  • Définir une loi sur la responsabilité des multinationales
    La Suisse doit également se doter d’une loi sur la responsabilté des multinationales, contraignant ces dernières à respecter les droits humains et l’environnement tout au long de leur chaîne d’approvisionnement.

Ce que vous pouvez faire

Consommer de l’huile de palme de manière responsable représente un défi et un boycott ne profite pas aux travailleur·euse·s des plantations. Vous pouvez tout de même contribuer à améliorer la situation : 

  • En tant que consommateur·trice
    Privilégiez les produits régionaux et biologiques, car ils contiennent généralement moins d’huile de palme.
  • En tant que citoyen·ne
    Soutenez les politicien·ne·s engagé·e·s en faveur de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Votez en faveur de mesures garantisant des conditions équitables (et surtout n’oubliez pas de voter!).
  • En tant que donateur·trice
    Solidar travaille avec ses organisations partenaires sur place, qui luttent pour l’amélioration des conditions de travail dans les plantations. Votre don permet à cette œuvre de continuer.
  • En tant qu’ambassadeur·rice
    Le changement commence autour de vous. Alors n’hésitez pas à partager ce rapport avec votre entourage. Merci pour votre soutien !

Rapport sur l'huile de palme 2025

Lisez le nouveau rapport sur l'huile de palme et apprenez-en plus sur les conditions de travail dans les plantations au Sabah. Il révèle ce que les travailleurs·euse·s devraient gagner pour vivre dignement et souligne l’ampleur de l’écart avec leurs revenus actuels.

Lire le rapport complet (PDF)

Quel serait votre salaire à l'heure ?

Un·e travaillleur·euse au Sabah gagne environ 80 centimes par heure. Quel est votre salaire à l'heure ?

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