Vendredi 30 septembre, un nouveau coup d’état se préparait au Burkina Faso, reflétant une situation sécuritaire instable et un pays secoué par de nombreuses crises : conséquences de la guerre en Ukraine et du changement climatique, troubles politiques, inflation, crise alimentaire. Mais que deviennent les projets de Solidar Suisse en cours ? Comment nos activités peuvent-elles se poursuivre dans un contexte difficile ?
Un pays en proie à l’insécurité
Le vendredi 30 septembre, le premier sentiment qui nous habita fût l’inquiétude. L’inquiétude pour nos collaboratrices et collaborateurs au Burkina Faso alors que retentissaient vendredi matin des tirs dans la capitale de Ouagadougou. De l’incrédulité également, puisque quelques semaines plus tôt, Dieudonné Zaongo et Micheline Ouamega, tous deux actifs au sein du bureau de Solidar Suisse au Burkina, se trouvaient en Suisse afin de nous donner un aperçu de la situation et de l’évolution des projets.
Depuis 2015, de nombreuses offensives des groupes armés non étatiques sèment un vent d’insécurité et ont poussé plus de deux millions de personnes sur une population de 20 millions d’habitant·e·s à se déplacer à l’intérieur du pays. Une personne sur dix. Ces déplacements ont d’énormes répercussions sur le quotidien des populations : une lutte pour les surfaces cultivables qui permettent de disposer de nourriture et l’accès à l’eau s’intensifie, une pression s’exerce sur les systèmes de services de base, tels que les services de santé et d’approvisionnement et l’accès à l’éducation. La cohabitation devient alors difficile.
Les conséquences des erreurs mondiales
Outre l’insécurité et les attaques de groupes armés, le Burkina Faso, l’un des pays les pauvres de la planète, paie le prix fort des conséquences du changement climatique. En 2022, l’été a été synonyme de fortes pluies qui ont entrainé des inondations massives et d’importants dégâts en Afrique de l’Ouest. Ce n’est qu’un symptôme du dérèglement climatique : pluies de plus en plus irrégulières, sécheresse, vents violents, inondations sont tout autant de conséquences qui ont un terrible impact pour une population qui vit à 85 % de l’agriculture et de l’élevage.
Les conséquences de l’invasion russe en Ukraine (engrais insuffisant ou coût trop élevé, augmentation du prix des denrées alimentaires) et la situation sécuritaire qui ne permet plus de produire suffisamment de nourriture soumettent aussi le pays à un taux d’inflation extrêmement élevé, 18 % en juillet 2022 contre une moyenne de 7,5 % dans les pays voisins.
Une personne sur dix est déplacée interne.
40 % du territoire n’est plus contrôlé par l’État.
En juillet 2022, le taux d’inflation s’élève à 18%.
Des projets constamment adaptés aux multiples crises
Solidar Suisse s’engage au Burkina Faso depuis 1974. Actuellement, 34 collaboratrices locales et collaborateurs locaux travaillent au sein du bureau de coordination sur place ; 10 projets sont en cours et ciblent par exemple, la sécurité alimentaire des paysan·ne·s, l’insertion professionnelle des jeunes, la lutte contre le travail des enfants dans les champs de coton ou encore une éducation multilingue des enfants. Dû à la situation, des aspects de l’action humanitaire sont intégrés dans les projets des domaines de l’économie et du travail ainsi que de la démocratie et de la société civile.
Les crises actuelles compliquent énormément le travail des collaboratrices et des collaborateurs de Solidar au Burkina. L’équipe a mis en place une gestion renforcée de la sécurité et reste flexible pour les changements de dernières minutes dans le contexte et dans les projets.
« Quand on est une organisation qui intervient dans la coopération au développement, cela devient notre raison d’être. Et le rôle d’une telle organisation est d’intervenir dans des conditions où son intervention devient pertinente »
Comment adaptons-nous les projets ?
Agroécologie
Afin de faire face aux conséquences du changement climatique, nous misons sur l’agroécologie. Des formations permettent aux exploitant·e·s d’acquérir des connaissances sur la gestion durable des sols et des eaux. Les paysan·ne·s pratiquent ensuite un maraîchage agroécologique et des techniques de fertilisation et d’utilisation du compost adaptés aux sols. Nous encourageons également la mise en place de greniers de solidarité et de fonds sociaux solidaires.
Cohésion sociale
Le contexte actuel d’insécurité et de conflits communautaires entraine de nombreux déplacements à l’intérieur du pays et met la cohésion sociale au défi, au sein d’un pays où plus de 60 langues sont pratiquées. Une personne sur dix est déplacée interne et parmi ces personnes, des enfants qui doivent bénéficier d’un accès à l’éducation. Pour faciliter l’intégration des élèves déplacés internes, la communication non violente et l’interculturalité sont promues dans des écoles pour cultiver et renforcer la tolérance.
Le plus grand défi aujourd’hui persiste : faire face à la situation sécuritaire. Mais, parmi les incertitudes, une certitude : la motivation, l’engagement et le professionnalisme de notre équipe sur le terrain ne vacillent pas.
« Quand on est une organisation qui intervient dans la coopération au développement, cela devient notre raison d’être. Et le rôle d’une telle organisation est d’intervenir dans des conditions où son intervention devient pertinente », témoigne Dieudonné Zaongo de Solidar Suisse Burkina Faso.
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