Pandémie: oui, les brevets tuent!

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L'inégalité d'accès aux vaccins n'est pas un risque majeur que pour les pays pauvres. Au lieu de persister à défendre unilatéralement les intérêts des entreprises pharmaceutiques, le gouvernement suisse devrait également soutenir la suppression des brevets sur les vaccins Covid.

Depuis fin mai, plus de 65 000 personnes se font vacciner chaque jour en Suisse. Ainsi, la moitié de la population a reçu une première dose de vaccin. Dans d’autres régions du monde toutefois, les campagnes de vaccination n’ont même pas commencé ; le continent africain, par exemple, ne représente qu’un pour cent des vaccinations effectuées dans le monde.

Selon les prévisions actuelles, la couverture complète des pays les plus pauvres sera impossible avant 2023. La distribution très inégale des vaccins en est la cause. Alors que les pays riches en ont stocké d’énormes quantités – la quantité commandée par la Suisse permettrait de vacciner plus de cinq fois sa population – les pays pauvres se retrouvent les mains vides. L’initiative COVAX de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui vise à garantir un accès équitable aux vaccins pour les pays émergents et en développement, s’en trouve également affectée. Jusqu’à présent, seules 70 millions des 2 milliards de doses prévues ont été livrées. Le nationalisme vaccinal n’est toutefois pas seul en cause dans la pénurie d’approvisionnement et les difficultés de livraison. La production mondiale est inférieure à ce qu’elle pourrait être en réalité en raison des règles actuelles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière de droit des brevets.

Covid: attendre présente un risque majeur

La distribution inéquitable des vaccins n’est pas tant injuste que constitutive d’un risque majeur. Si la pandémie n’est pas contenue au niveau mondial, elle risque de faire des millions de mort·e·s et de provoquer des mutations du virus qui pourraient compromettre la protection vaccinale obtenue à ce jour. Le virus pourrait se répandre dans les pays riches et vaccinés avec de nouveux variants, occasionnant une augmentation des cas de maladie et des décès et de nouvelles mesures de confinement. Si notre aide ne profite pas à toutes et tous, à long terme, personne n’en bénéficiera. Une action décisive, globale et surtout solidaire est nécessaire comme pour le changement climatique !

L’Afrique du Sud et l’Inde ont déjà soumis une demande à l’OMC l’année dernière pour une suspension temporaire des brevets, ce qui permettrait d’augmenter la production, de l’orienter en fonction des besoins et de lever les obstacles à la distribution. L’initiative a toutefois échoué dès le départ en raison de la résistance des États-Unis, de la Commission européenne, de la Grande-Bretagne et de la Suisse. Elle a pris un nouvel élan début mai : le président américain Joe Biden a surpris par son soutien à la suspension temporaire. Celle-ci a également été votée par le Parlement européen le 20 mai dernier. Selon la résolution, l’Union européenne devrait soutenir ces demandes.

Brevets: la petite Suisse soutient Big Pharma

Les lobbyistes des entreprises pharmaceutiques suisses – Roche et Novartis sont deux des cinq plus grandes entreprises mondiales de ce secteur – se mobilisent contre la levée des brevets. Le conseiller fédéral Parmelin s’est déjà rangé à leur argumentation selon laquelle la qualité et l’efficacité des substances ne seraient plus garanties. Les connaissances techniques pour la production feraient défaut, connaissances qui sont pourtant protégées par ces mêmes brevets. Il est néanmoins nécessaire de partager ces connaissances, c’est-à-dire les brevets, avec d’autres pays afin de permettre un accès équitable.

Vu son impact dans le monde entier, la pandémie menace la santé et les revenus des populations. Au début de la pandémie, on imaginait que le virus pourrait réduire les inégalités. Nous savons maintenant que ce n’est pas le cas. Au contraire. Les pauvres, les travailleurs·euses, les personnes défavorisées et celles qui sont marginalisées par la société sont particulièrement touché·e·s, surtout dans les pays du sud. Pour Solidar Suisse, l’accès équitable à la santé et à l’éducation ainsi que le respect des droits démocratiques sont des conditions fondamentales pour briser le cycle de la pauvreté et de l’exploitation dans le monde.

Agir maintenant!

En temps de pandémie, les connaissances et les technologies, qui sont très souvent financées par les contribuables, devraient être partagées au niveau international dans un esprit de solidarité. C’est pourquoi nous demandons au Conseil fédéral de soutenir la dérogation temporaire à la propriété intellectuelle des tests, médicaments et vaccins contre le Covid-19. Le conseiller fédéral Parmelin doit agir immédiatement et charger la délégation suisse à l’OMC de ne plus s’opposer à la libération de ces brevets !

Signez ces appels:

Le PS suisse demande de libéraliser les brevets.

L’ONG Public Eye demande à la Suisse d’être solidaire dans la lutte contre la pandémie.

Les personnes ayant le droit de vote dans les pays de l’Union européenne peuvent également faire pression en soutenant ici une initiative citoyenne européenne.

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