Rohingya : cinq ans après le génocide

Persécuté·e·s, chassé·e·s mais pas oublié·e·s : il y a cinq ans des centaines de milliers de Rohingya fuyaient l’armée au Myanamar pour trouver refuge au Bangladesh. Depuis, elles et ils tentent de survivre dans des conditions catastrophiques, à Kutupalong dans le district de Cox's Bazar, au sud du Bangladesh, devenu le plus grand camp de réfugié·e·s du monde . Nous voulons nous remémorer les crimes commis et faisons appel à votre solidarité pour que les Rohinya ne soient pas oublié·e·s

Leurs habitations ont été brûlées, leurs enfants ont été jetés dans les flammes, les femmes violées et les hommes exécutés devant leur famille. Cinq ans auparavant, au mois d’août, une offensive militaire était dirigée contre les Rohingya à Rakhine dans l’ouest du Myanmar. Le génocide perpétré contre cette minorité musulmane et son expulsion font partie des crimes les plus cruels de l’histoire récente.

Les persécutions dont les Rohingya font l’objet ne datent pas d’hier. Considéré·e·s comme des immigré·e·s illégaux·ales du Bangladesh, leur statut de minorité n’est pas reconnu. Depuis l’indépendance du Myanmar en 1948, des centaines de milliers de Rohingya ont quitté le pays après avoir subi des tortures et des répressions. Parmi elles et eux, certain·e·s ont fondé en 2016 le groupe « Araken Rohingya Salvation Army (ARSA), qui a mené des attaques répétées contre les autorités gouvernementales du Myanmar. En 2017, après une attaque contre des postes de police qui a fait des victimes, la violence s’est brutalement intensifiée et a provoqué la fuite de centaines de milliers de réfugié·e·s rohingya vers le Bangladesh. Selon le UNHCR, 58’600 personnes ont fui durant la première semaine de l’offensive militaire.

Vie indigne au sein du camp

Depuis le déclenchement des hostilités en 2017, un nombre croissant de Rohingya a cherché refuge dans le sud-est du Bangladesh, à Kutupalong, devenu le plus grand camp de réfugié·e·s du monde. Plus de 900’000 Rohingya vivent dans le camp et bravent chaque jour les conditions de vie catastrophiques pour survivre. Elles et ils n’ont qu’un espace très restreint pour vivre, habitent dans des abris de bâches en plastique et de bambous, disposés les uns à côté des autres. Aucune intimité. Des incendies se déclarent régulièrement dans les camps et des inondations submergent tout. Le manque est partout : nourriture, eau potable, installations sanitaires et soins médicaux. Elles et ils ont peu accès à une éducation et la plupart des enfants ne sont pas scolarisé·e·s. En outre, leur liberté de mouvement est limitée, car le gouvernement du Bangladesh ne veut pas que la population accueille des Rohingya ; les chauffeurs de bus et de camions ne doivent pas non plus les prendre comme passager·ère·s. Au fil du temps, de plus en plus de personnes fuient vers Cox’s Bazar et les conditions continuent de s’aggraver. Les problèmes sociaux augmentent : violence envers les femmes, trafics d’êtres humains et tensions entre les réfugié·e·s et la population locale.

Que fait Solidar Suisse ?

Nous poursuivons nos efforts face à la misère qui règne dans les camps des Rohingya et collaborons actuellement avec des organisations partenaires sur deux projets. Le projet de protection, mis en œuvre par notre partenaire YPSA, aide à construire un cadre de vie plus sûr à Cox’s Bazar. L’objectif du projet est de contribuer au redressement socio-économique des populations affectées par le Covid-19 en les soutenant par diverses distributions d’argent liquide afin de remplacer leurs biens perdus, de relancer leurs activités et de répondre à leurs besoins de base.

Un deuxième projet se concentre sur la protection contre les incendies à Cox’s Bazar en collaboration avec l’organisation partenaire GUK. Les 34 camps de Cox’s Bazar présentent un risque élevé d’incendie, car les abris sont construits avec du bambou, du plastique et des bâches, et des bouteilles de gaz sont utilisées pour cuisiner en plein air, un usage traditionnel. En janvier 2022, deux incendies dévastateurs ont ravagé le camp, détruisant des centaines d’abris. Le projet fournit une aide vitale à 200 foyers touchés par les incendies, en renforçant les capacités de la population rohingya des pompiers locaux, des volontaires, des secouristes et des intervenants d’urgence qui, dans la plupart des cas, travaillent sur la base d’appels d’urgence.

Que pouvez-vous faire ?

Pour les personnes qui ont fui l’armée du Myanmar cinq ans auparavant, les conditions de vie catastrophiques à Kutupalong font partie de leur triste quotidien. Vous pouvez, vous aussi, faire preuve de solidarité envers les Rohingya. Votre soutien est plus que jamais nécessaire.

Soutien pour les Rohingya

Les personnes dans le camp

Farida Begum

57 ans, de Hawarbil

« Je viens de Hawarbil, Mongdu, Barma (Myanmar). De nombreuses personnes ont été brutalement assassinées là-bas dans des souffrances infinies. Ils ont brûlé ma maison et toute la région. Ils ont tué ma sœur. Je ne sais pas comment nous avons réussi à fuir. Tout a été détruit là-bas, il ne restait plus rien. Un lieu très peuplé a été réduit au silence du jour au lendemain.

Depuis 2017, je suis au camp. J’ai reçu une formation, des aides et je tisse des filets à base de fibres. Je les vends pour obtenir de quoi vivre. Que pouvais-je faire d’autre avec mon estomac vide ? On m’a donné des graines pour le jardin familial, du bambou et des plantes. De GUK et Solidar Suisse, j’ai reçu des graines de patates douces, de papayes, de courges, de potirons, de lentilles et d’autres aliments. »

Muhammad Rafiq

28 ans, de Raimurbil

« Cela fait cinq ans que j’ai quitté le Myanmar pour me retrouver dans un camp de réfugié·e·s. Cet endroit était plutôt une forêt pleine de buissons. Nous les avons retirés pour nous faire de la place et avons commencé à survivre ici.

GUK et Solidar Suisse m’ont proposé une formation de barbier. Après la formation, j’ai reçu quelques outils de barbier et j’ai ouvert mon petit commerce. »

Hasina Khatun

28 ans, de Hawarbil

« Je suis venu au camp parce que j’avais de graves problèmes à Hawarbil, Myanmar. Ils ont brûlé ma maison. Nous nous en sommes sortis avec la vie sauve, sans argent, sans objets personnels. Nous vivons dans une profonde tristesse. Mon mari a été tué à la maison, ici je vis maintenant avec mes parents. En 2020, j’ai reçu de GUK et Solidar Suisse une formation en tissage de filets de pêches et les outils nécessaires.

Maintenant, je gagne ma vie en tissant des filets de pêche. Nous avons également reçu différentes graines de légumes de GUK et Solidar Suisse et nous cultivons des aliments. L’utilisation et la vente de ces produits nous permettent de vivre au jour le jour. Ce serait bien si nous pouvions obtenir un soutien supplémentaire car nous souffrons des conditions ici dans le camp, les maisons endommagées, l’eau de pluie qui s’infiltre à l’intérieur des abris. »

 

 

Retour en haut de page