Le 22 février, Yuliia Temchenko, originaire de Kiev en Ukraine, a fêté son 38ème anniversaire, calmement, sans tracas, juste avec ses enfants et un ami. « Je n’ai pas du tout ressenti le besoin de fêter mon anniversaire », explique-t-elle par visiophone. Les souvenirs de l’année précédente, lorsqu’elle a passé sa dernière nuit dans son appartement peu après son anniversaire, avant que les bombes russes ne tombent sur la capitale, sont trop douloureux.

Après le début de l’invasion russe en Ukraine, le 7 mars 2022, nous avons fait sa connaissance à Brasov, au centre de la Roumanie. Elle avait fui Kiev quelques jours plus tôt avec ses deux fils, Milan et Edward, pour échapper à la guerre. A l’époque, elle avait évoqué les premiers tirs de missiles dans la capitale ukrainienne et sa fuite vers la Roumanie. À Brasov, elle a trouvé un refuge pour elle et ses enfants avec l’organisation partenaire de Solidar, Migration Integration Center. L’organisation s’y est mobilisée en un clin d’œil pour les réfugié·e·s ukrainien·ne·s. « A Brasov, nous avons trouvé un lieu de repos où nous avons reçu beaucoup d’aide, c’était vital, pour moi comme pour beaucoup d’autres. »

Un soutien au-delà des besoins de base

Les deux organisations partenaires, Migrant Integration Center à Brasov et LOGS à Timisoara, ont réagi dès le début de l’invasion. Dans les deux villes, le personnel a travaillé sans relâche pour assurer la prise en charge des réfugié·e·s. « Au début, nous leur avons surtout redonné confiance et leur avons fourni des informations pour qu’elles et ils puissent prendre des décisions éclairées sur la suite de leur parcours », explique Astrid Hamberger, directrice du Migrant Integration Center. « Elles et ils étaient extrêmement angoissé·e·s et désorienté·e·s. Il nous tenait à cœur de leur fournir, au-delà des besoins de base, des informations et des conseils précis sur leurs droits et obligations en Roumanie ou lors de leur passage par la Roumanie ». C’est également l’activité déployée par LOGS à Timisoara. « Notre aide “à guichet unique” comprend des conseils, de l’argent liquide et des bons d’achat, une aide médicale et psychologique, des groupes de soutien, ainsi que des activités sportives, récréatives et éducatives », explique Flavius Ilioni, le directeur. « Nous informons en outre les mères des risques de traite des êtres humains, malheureusement très réels. »

Nouveau départ à Svendborg

Yuliia Temchenko vit aujourd’hui avec ses deux enfants à Svendborg, une ville portuaire du Danemark. « Je ne regrette pas d’avoir quitté l’Ukraine. Je suis heureuse de ne pas y être maintenant et d’avoir réussi à venir au Danemark », dit-elle en parlant de leur vie à Svendborg. Elle évoque la petite maison dans laquelle elle loge avec ses enfants, son travail de gestionnaire de contrats dans une entreprise pharmaceutique et la rapidité avec laquelle ses deux fils se sont adaptés. « Ils parlent déjà couramment le danois et se sont fait des amis au jardin d’enfants et à l’école ». Selon elle, le système scolaire danois est excellent. De plus, les Ukrainien·ne·s réfugié·e·s sont soutenu·e·s par l’Etat et, bien sûr, elle fait la connaissance de nombreuses personnes. Parfois, je n’arrive pas à croire tout ce que j’ai fait en si peu de temps, et à quel point j’ai changé de vie », confie-t-elle. « Le Danemark est un pays merveilleux, mais ce n’est tout simplement pas mon chez-moi. »