La voix des syndicats pour une transition équitable

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Pour que le changement vers une économie verte se fasse de manière équitable, les syndicats doivent être impliqués. Or, ces derniers sont souvent exclus, comme le montre l’exemple de OSHE, organisation partenaire de Solidar.

Les sécheresses, les vagues de chaleur, les fortes pluies et la multiplication des cyclones affectent lourdement les emplois, en particulier dans les secteurs informel et temporaire et ceux de l’énergie, de l’agriculture, du tourisme et des transports, tributaires des ressources naturelles. Les travailleur·euse·s n’ayant qu’une faible capacité d’adaptation faute de revenus alternatifs et d’assurances sociales ou qui dépendent fortement de l’offre en eau et en denrées alimentaires sont particulièrement exposé·e·s, surtout les femmes, qui ont moins de possibilités de rebondir que les hommes en raison des inégalités de genre. Ainsi, le stress dû à la chaleur entraîne une baisse de la productivité, les revenus diminuent et les travailleur·euse·s sont tôt ou tard contraint·e·s de migrer. Certain·e·s perdent leur travail ou leur logement en raison des catastrophes naturelles passées ou imminentes. Selon la Banque mondiale, dans les seuls États côtiers comme le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan et le Sri Lanka, plus de 700 millions de personnes, soit près de la moitié de la population d’Asie du Sud, ont été frappées par au moins une catastrophe climatique au cours de la dernière décennie.

L’accord de Paris sur le climat nécessite une transition équitable

L’évolution vers une économie à faibles émissions de carbone peut entraîner la fermeture d’usines, restreindre les récoltes ou compliquer l’approvisionnement en biens de première nécessité. Pour accomplir la transition vers un développement durable, les pays d’Asie devront modifier leur politique économique et sociale. L’accord de Paris sur le climat de 2015 stipule explicitement que cela doit se faire selon « les impératifs d’une transition juste pour la population active et la création d’emplois décents et de qualité, conformément aux priorités de développement définies au niveau national ».

Les promesses vides de la COP 26

En novembre dernier, les syndicats ont participé à la 26e Conférence de l’ONU sur le climat en Écosse et ont demandé des décisions claires sur le financement de l’adaptation au changement climatique dans les pays du Sud, la mise en oeuvre d’un changement équitable et l’intégration d’emplois compatibles avec le climat dans les contributions à la lutte contre le changement climatique déterminées au niveau national (NDC). Or, bien que la Conférence sur le climat ait une fois de plus mis en évidence l’ampleur de la crise climatique, nous n’avons obtenu que des promesses vides. Les engagements pris par les dirigeant·e·s du monde entier ne suffisent pas à limiter la hausse des températures à 1,5 degré et ne sont pas accompagnés de mesures politiques efficaces. Cela ne permettra pas de rompre avec les modèles de production et de consommation dominants en faveur de la transition vers une économie à zéro émission.

 

Deux femmes au Bangladesh fuient leurs maisons touchées par les graves inondations de juin 2020.

Bangladesh : les syndicats mis à l’écart

Au Bangladesh, les syndicats n’ont pas été consultés lors de la formulation des NDC, qui concernent tous les secteurs industriels. Celles-ci ne font aucune mention des exigences d’un changement équitable, pas plus que de la nécessaire contribution
du ministère du Travail, des organisations patronales et des syndicats. Ces derniers s’étaient pourtant fortement engagés, avec l’organisation partenaire de Solidar, l’OSHE, pour l’intégration de l’agenda Just Transition. Nous avons mené une campagne nationale pour un « travail adapté au climat » et mis sur pied un séminaire en ligne avec l’organisation patronale nationale. Ce faisant, nous entendions améliorer le dialogue social et soutenir l’engagement des syndicats en faveur de la justice pour les travailleur·euse·s vulnérables au climat. En effet, les syndicats jouent un rôle clé pour garantir des conditions de travail dignes lors des changements structurels nécessaires à une économie à faibles émissions. Sans investissement dans les emplois, dans un changement équitable et dans la protection sociale pour toutes et tous, la vulnérabilité des travailleur·euse·s affecté·e·s par le changement climatique continuera d’augmenter.

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