VAINCRE LA COLONISATION
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Auteur
Joachim Merz
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Les structures coloniales ont la vie dure et influencent encore le XXIe siècle. Comment se manifestent-elles dans la coopération au développement ? Où Solidar se situe-t-elle dans ce débat et que pouvons-nous faire pour remettre en question et déconstruire les rapports de force inégaux ?
Renforcer l’expertise locale
De nouveaux modes de pensée sont nécessaires. Les personnes aidées ne sont pas impuissantes. Elles ne sont ni des objets ni des bénéficiaires, mais des sujets, des acteurs et des actrices de leur propre développement social et économique. Solidar Suisse cherche à en tenir compte dans ses projets à travers le monde et à l’exprimer par des textes et des images sur tous ses canaux de communication. Selon un état des lieux interne pour l’année 2020, Solidar consacre 50 % du budget de la coopération au développement et de l’aide humanitaire à des organisations partenaires locales, qui mettent ensuite ces moyens en oe uvre de manière autonome. C’est plus de trois fois la moyenne de l’OCDE. La coopération au développement doit accorder plus d’importance à l’expertise des personnes et des collaboratrices et collaborateurs qui connaissent les conditions locales et qui peuvent contextualiser les possibilités et les stratégies d’intervention. Les processus de décision dans les organisations de coopération au développement doivent être plus horizontaux et le recrutement du personnel doit être repensé. Est-il vraiment nécessaire de payer cher des expert·e·s d’envergure internationale ou ne vaut-il pas mieux faire appel à une équipe de spécialistes locaux pour analyser le marché du travail local ou évaluer des projets ?
Faites votre autocritique et abandonnez les schémas coloniaux !
Solidar Suisse se confronte à cette critique et se l’applique depuis des décennies. Le renforcement des initiatives locales fait partie de nos compétences clés : près de 200 partenariats avec des organisations de base témoignent de notre volonté de mettre en place un programme de développement piloté par le Sud dans les pays du Sud. C’est pourquoi nous employons presque exclusivement du personnel local dans nos bureaux de coordination en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En revanche, l’aide humanitaire fait plus souvent appel à des expert·e·s d’envergure internationale. En effet, les crises humanitaires se caractérisent souvent par un manque d’expert·e·s expérimenté·e·s rapidement disponibles et, dans certaines situations, des professionnel·le·s extérieur·e·s peuvent mieux appliquer des principes humanitaires tels que l’impartialité ou l’indépendance. Le fait que la présence d’un·e expert·e suisse expérimenté ·e dans les mécanismes de reporting souhaités augmente les chances d’obtenir un financement est à nouveau dû à une prémisse postcoloniale. Il reste donc beaucoup à faire. Enfin, nous devons sans cesse remettre en cause notre comportement et faire notre autocritique. En tant que responsable de la recherche de fonds ou de la communication, comment estce que je communique ? Comment est-ce que je m’adresse à des syndicalistes en Thaïlande, aux femmes d’une coopérative de production au Mozambique, à des réfugié·e·s en Bosnie ou à la présidente d’une communauté rurale dans les Andes boliviennes ? Pour viser une coopération internationale entre personnes égales, il est nécessaire de modifier les structures, la façon de penser, l’action et les comportements, et y réfléchir constamment. Chère lectrice, cher lecteur, si vous avez des critiques à formuler à l’encontre de notre organisation, n’hésitez pas à nous en faire part. Vos retours nous sont très précieux.
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Joachim Merz